Le Carnaval de Binche
La version de l’origine du carnaval qui remporte le plus de succès et qui a sans doute le plus marqué le coeur de chaque Binchois est celle qui fait remonter la naissance des fêtes carnavalesques au seizième siècle, période à laquelle correspondent les fastueuses cérémonies données par Marie de Hongrie en l’honneur de son illustre frère Charles-Quint et de son fils Philippe II d’Espagne.
Imaginez-vous le 22 août 1549, par une belle journée estivale, l’empereur de l’Empire Romain Germanique accompagné de toute sa cour espagnole entre par la grande porte au sein de la place fortifiée, ceinte de ses remparts. Marie de Hongrie, la Dame de Binche veut éblouir l’héritier, Philippe II. Elle y parviendra sans doute. Les fêtes dureront une semaine. Sept jours de fastes, d’apparats, où bals, simulations d’actes militaires, banquets d’abondance et feux d’artifices furent de la partie. A cette époque des explorateurs, les conquistadores avec François Pizarre à leur tête étaient revenus des terres lointaines d’Amérique et avaient décrit ses habitants, les Incas.
La légende veut que des courtisans se soient travestis de la sorte pour rappeler les victoires espagnoles en ces contrées. Les costumes bariolés furent quelque peu améliorés pour attirer d’autant plus le regard. Les Binchois auraient été séduits par ces personnages et auraient pris l’habitude, chaque année, de se travestir en « sauvages américains ».
Mais cette légende n’est pas unique et de nombreuses variantes existent. Ainsi, les « sauvages » présentés aux fêtes auraient pu être de véritables Incas amenés directement de leur pays.
Source : www.carnavaldebinche.be
La carte de visite de Charles-Quint
Charles Quint possédait des terres dans toutes les parties du monde, il pouvait se dire avec orgueil : « Le soleil ne se couche jamais sur mes états ».
Un jour, il lui prit la fantaisie de vérifier cette affirmation et décida de faire le tour du monde. Arrivé au port de Bruges, sur le quai d’embarquement, il montra son blason pour se faire reconnaître, comme tous les nobles faisaient depuis des siècles. Malheureusement, la personne chargée d’enregistrer les passagers n’était pas un héraut(*) professionnel (en fait, c’était un simple employé du port), il ne comprenait absolument rien à tous ces dessins bizarres et c’est bien normal : à l’origine de
l’héraldique, personne ne savait lire mais tout le monde savait que « trois léopards = Angleterre », « une fleur de lys = Royaume de France » ou « un château doré = Castille ». Mais à l’époque de Charles Quint, presque tout le monde savait lire et presque plus personne ne se souciait de savoir que le blason de l’Empire germanique est un écartelé reprenant les blasons de Castille et de Léon dans le premier quart, d’Aragon et de Sicile dans le second, d’Autriche et de Bourgogne dans le troisième…
Le temps d’expliquer tout ça à ce malheureux employé et le bateau serait parti depuis longtemps… Alors Charles Quint prit un morceau de papier et écrivit « Charles-Quint ».
Il venait d’inventer la carte de visite… Elle allait sonner le glas de l’héraldique.
(*) Héraut : Officier public chargé de déclarer la guerre, d’annoncer les tournoi et d’y déclarer le vainqueur, de porter et d’annoncer les ordres de son maître. Il devait, de par sa fonction, avoir une profonde connaissance des règles héraldiques et des blasons et armes de ses contemporains.
Charles Quint et le chocolat
Au commencement, il y eut la gourmandise ou plutôt l’amour des mets les plus fins manifestés par Charles Quint. Il y eut aussi sa volonté d’afficher sa grandeur, son affection pour la religion, son aura personnelle, son désir de prospérité.
Lui qui avait proclamé : « Je mettrais Paris dans mon Gand », allait parvenir à faire du chocolat une friandise appréciée progressivement de par le monde entier. Il contribuerait par son attitude à répandre l’usage d’un breuvage fort estimé.
On se souvient que Cortès débarquant au Mexique se vit offrir en signe d’hospitalité un « xocolatl » dans un gobelet d’or.
En 1520, Charles Quint fit connaissance, pour la première fois, grâce à une missive du conquérant avec le fabuleux mot « cacao », un mot qui le fit rêver, un mot neuf qui dans l’ambiance de renouveau généralisé aux arts et aux lettres ne pouvait que le séduire.
Dix ans plus tard, l’Empereur en avait goûté, apprécié ses effets dynamisants sur lui-même ainsi que sur les membres de sa cour. Pourtant, comme beaucoup, il l’avait jugé trop amer. Ayant appris qu’au Mexique on s’essayait à trouver des recettes dont les saveurs satisferaient enfin les occidentaux, il y envoya quelques espions en quête des résultats. Puis, il donna pour consignes à des religieuses de peaufiner encore les essais dont il avait été informé. Il alla même jusqu’à organiser une sorte de compétition entre diverses congrégations, promettant aux plus performantes un retable pour orner leur chapelle.
Quelle douce tâche, quel agrément de plaire à son souverain en se consacrant à une telle recherche! Il en fallut des essais et des erreurs pour parvenir à élaborer une boisson vraiment digne d’un souverain si puissant. De la vanille mais point trop, du sucre d’agave en suffisance, des touches de fleurs d’oranger, un soupçon de musc, un rien de poivre, des cuillérées de miel, des épices nouvelles en très petite quantité.
Combien de proportions différentes furent tentées, nul ne pourrait à présent le dire.
Combien Charles Quint en dégusta-t-il, ceci n’est noté dans aucune chronique de l’époque. Bien entendu les préparations furent variées mais quelques constantes apparurent parmi celles qui plaisaient le plus. Charles Quint désigna les meilleurs des cuisiniers de l’empire comme experts en la matière. Ainsi certains procédés émergèrent peu à peu. A la cour, on dégusta avec plaisir ce délicieux liquide. On le servit dans des gobelets finement travaillés. Les occasions pour s’en délecter furent de plus en plus nombreuses.
Bientôt, toute circonstance ou presque pouvait être prétexte à l’aristocratie pour en boire. Laïcs ou membres du haut clergé, hommes et femmes s’en pourléchaient les babines. Adieu donc la tempérance face à pareille tentation ! Charles Quint en fit alors un monopole d’état.
Plus tard, le précieux produit joua un rôle dans les guerres de religion. En effet, des protestants organisèrent une contrebande fort active trouvant le moyen de détruire le monopole de l’Empereur et ouvrant la voie à une expansion économique non négligeable. A présent, le mot chocolat se prononce de manière fort proche dans diverses langues européennes. Nul besoin d’être vraiment polyglotte pour pouvoir s’en abreuver de l’Espagne à la Grèce, de la Russie à la Norvège !
Charles-Quint et le « Coin du Balai »
Le « Coin du Balai » est un petit quartier de Watermael-Boitsfort, aux alentours de Bruxelles, littéralement enclavé dans la Forêt de Soignes entre la rue de la Sapinière et la vieille chaussée de la Hulpe.
Mais d’où vient ce nom charmant de « Coin du Balai »? Tout simplement, il renvoie à la principale activité qui prévalait dans ce coin sylvestre : la fabrication de balais. On y trouvait des bûcherons et des sabotiers.
La légende raconte qu’un jour l’Empereur s’était égaré à la chasse dans cette partie de la forêt. Après avoir longtemps cherché son chemin inutilement, il se trouva en face d’une misérable cabane de marchand de balais. Il frappa à la porte et l’homme vint ouvrir.
Il commence déjà à faire noir, lui dit l’Empereur, et je ne puis retrouver mon chemin. J’ai faim et je meurs de fatigue, pouvez-vous m’accorder l’hospitalité pour cette nuit?
De tout mon cœur, monsieur, répondit le pauvre homme en introduisant l’Empereur. Aussitôt il approcha une chaise de l’âtre, et Charles s’y plaça après s’être débarrassé de son attirail de chasse. La femme couvrît la table, y mit du pain et du lait, et Charles se mit à manger.
N’as-tu pas une bouchée de viande l’ami, dit-il un instant après. Cela me ferait du bien, car j’ai besoin de forces.
A ces mots le paysan rougit jusqu’aux oreilles et regarda sa femme qui rougissait de même. Hé bien qu’en penses-tu femme? dit-il.
Ma foi, je n’en sais rien, répondit la femme.
Je pense que oui, dit tout bas le paysan à l’oreille de sa femme, ce monsieur a l’air comme il faut, il ne nous trahira point. »
Hé bien! si tu le penses ainsi, soit.
Ecoutez, monsieur, dit le paysan, je veux vous donner un bon morceau à manger, à condition que vous ne me dénonciez point à l’Empereur, car je serais sévèrement puni.
Ah, je n’y pense nullement, répondit Charles. Comment voulez-vous que je vous dénonce, cela m’est eu vérité impossible, parole d’honneur.
Alors je vous dirai que j’ai tiré il y a huit jours, un cerf magnifique — mais encore une fois n’en dites rien à l’Empereur, car. . . .
Pas le moindre mot! dit Charles.
Aujourd’hui, ma femme a rôti le premier quartier et il en reste encore un fort beau morceau qui nous suffirait pour trois jours ; mais si je savais que cela dût être redit à l’Empereur
Dieu merci, je sais me taire, répondit Charles.
Donnez-moi donc la main pour gage. Charles le fit.
Maintenant, un homme d’honneur n’ayant qu’une parole, je compte sur vous, et vous serez servi. Femme réchauffe le rôti et apporte-le ici. Un cerf de plus ou de moins qu’est-ce que cela fait à l’Empereur? Qu’en pensez-vous?
Et fut-ce même dix cerfs, s’écria Charles, est-ce que l’Empereur s’occupe de ces bagatelles?
La femme réchauffa le rôti et Charles en mangea un morceau avec délice. Après quoi le marchand de balais lui prépara un lit, la femme y étendit des draps propres et Charles y passa la nuit mieux que dans son palais. Le matin après avoir déjeuné, il serra la main de ses hôtes en y glissant une pièce d’or et prit congé de ces braves gens leur promettant encore bien de ne rien dire du rôti de cerf. Il suivit le chemin que le paysan lui avait indiqué et ne tarda pas d’arriver à son palais de Bruxelles.
Vers midi, un garde de l’Empereur frappa à la porte du marchand de balais et lui ordonna de le suivre à la cour. Femme, s’écria le pauvre homme, nous sommes trahis, le coquin n’a pas tenu parole. Je m’en vais chez l’Empereur, mais si je retrouve mon traître, je lui tords le cou, le mauvais drôle qu’il est. Aurait-on jamais cru cela!
Dépêche-toi, dit le garde, je n’ai pas de temps à perdre et l’Empereur n’aime pas qu’on le fasse attendre.
Un petit instant, je ne puis pas me présenter ainsi devant Sa Majesté, s’écria le paysan en mettant ses habits de dimanche; il suivit alors le soldat, après avoir dit en pleurant adieu à sa femme.
Hélas! nous ne nous reverrons plus, disait celle-ci.
Si ce n’est dans cette vie, ce sera dans l’autre, répondait le pauvre homme en s’essuyant les yeux.
Arrivé au palais, on l’introduisit dans un beau salon; bientôt, l’Empereur parut.
Ah ! vous voilà, s’écria le paysan en lui montrant le poing. J’aurais dû vous fermer la porte au nez, lorsque vous êtes venu. Maintenant tout est trahi, je suis pris, et Dieu sait
Je n’ai rien dit à l’Empereur, répondit Charles.
Pourquoi m’aurait-on fait venir ici? Vos mensonges ne servent à rien.
Au même instant un page entra dans l’appartement, plia le genou devant l’Empereur et lui remit une lettre. Pendant qu’il la lisait le paysan s’approcha du page et lui dit à l’oreille:
Comment s’appelle celui à qui tu as remis la lettre?
C’est l’Empereur Charles-Quint., répondit le page en ouvrant la porte pour partir.
Ah! sire! s’écria le malheureux en tombant à genoux. Pardonnez-moi, et songez que j’ai encore une femme.
Charles le releva en souriant et lui dit:
Ecoute, tu m’as très bien reçu, je t’en remercie; je veux t’accorder une grâce, que désires-tu?
Je ne demande qu’une chose de votre majesté, c’est qu’il me soit permis de prendre librement dans la forêt le bois dont j’ai besoin pour mes balais.
Tu le peux, répondit Charles. Retourne à l’instant chez toi et reviens demain avec une bonne provision de balais que tu vendras dans mon château : Tu feras beaucoup d’argent; je prétends que tu ne les vendes pas moins d’une pistole la pièce.
Avant remercié de tout son cœur l’Empereur, le paysan courut à toutes jambes jusque chez lui. Sa femme le reçut avec de grandes démonstrations de joie et ils se mirent à faire des balais jusqu’à l’aurore, et les ayant chargés sur une charrette, ils prirent le chemin du château.
Aussitôt que Charles-Quint vit la charrette, il ordonna à tous les gens de sa cour de se présenter devant lui un balai à la main, et chacun dut se le procurer chez le paysan. Les pistoles tombaient comme la grêle dans les poches du paysan, et il quitta le château très riche.
Depuis lors tous les marchands de balais ont la permission de couper du petit bois dans les forêts du pays.
Le Père Fouettard
Le Père Fouettard est un personnage sinistre, tout vêtu de noir, qui accompagne Saint Nicolas dans ses tournées. Alors que Grand Saint distribue des cadeaux aux enfants qui ont été sages, le Père Fouettard distribue des coups de fouet aux petits garnements.
Mais qui est-il réellement ? Une légende (une de plus …) raconte que le Père Fouettard serait apparu au XVIème siècle. Il serait né à Metz en 1552 pendant le siège de la ville par l’armée de Charles Quint.
Pour donner du courage aux habitants assiégés, la corporation des tanneurs confectionna un épouvantail grotesque, muni d’un fouet, à l’effigie de Charles-Quint. Les habitants de Metz firent une procession avec ce mannequin à travers les rues, et pour démoraliser les assaillants, l’installèrent au sommet des remparts pour y bouter le feu. Le mannequin, noircit et rendu méconnaissable par sa combustion, impressionna sûrement les petits enfants. Sans doute les parents s’en sont-ils servi pour motiver leurs enfants à rester sages …
L’année suivante, Metz fut libérée. Le personnage au fouet, qui poursuit jouvencelles et damoiseaux, sera ressuscité. Son passage coïncide avec celui de Saint Nicolas. Sa caricature restera dans les esprits sous l’appellation de Père Fouettard, un tanneur de fesses, accompagnateur de saint Nicolas, un distributeur de cadeaux.
C’est sûrement à cause de cette légende que Père Fouettard est souvent représenté par un personnage à la peau noire (mannequin brûlé) habillé à la mode Renaissance (époque de Charles-Quint).
Charles-Quint et la grande horloge
Charles-Quint n’était pas seulement un grand souverain, mais aussi un homme très aidant. Parfois un peu trop.
Un beau jour, il déambulait dans son palais, richement paré d’œuvres d’art raffinées et de tapisseries sublimes.
Il pénétra dans la salle où était exposée sa splendide collection d’horloges et vit un homme, juché sur une échelle, prêt à décrocher l’une d’entre elles pour en enlever la poussière.
L’empereur était un homme maniaque. Les sols de son palais étaient donc parfaits, mais extrêmement glissants. Effrayé à l’idée de voir chuter notre homme sur la tête, son échelle pouvant violemment déraper, Charles-Quint proposa de l’aider. « Pas de souci mon ami », dit-il en saisissant l’échelle à pleines mains pour la bloquer. Charles-Quint trouva l’homme peu reconnaissant car arrivé sur le sol, l’homme prit ses jambes à son cou.
Quelques heures plus tard, alors qu’il se reposait en dégustant une délicieuse bière, on vint lui apprendre la disparition de l’une de ses plus belles horloges. Charles-Quint porta le pot de bière à ses lèvres et pensa : « Et bien moi, je sais au moins à quelle heure eut lieu le méfait ». Maigre consolation…
Le Karreveld
Le Karreveld est le nom attribué à un ancien domaine de 3 hectares et à une ferme-château à Molenbeek-Saint-Jean, une commune du nord-ouest de Bruxelles. Karreveld détermine également le nom d’un quartier de cette commune. Cet espace est également un parc public communal.
Si l’on accorde quelque crédit à la légende, l’Empereur Charles Quint, se rendant à Bruxelles, aurait passé une nuit au château avant d’atteindre sa résidence du Coudenberg. L’Empereur, pris d’un besoin urgent, aurait fait une halte, à la lumière d’une lanterne, dans la grande drève menant au château afin de soulager sa vessie. Le nom de Karreveld en néerlandais Karel Veld ou «champ de Charles» trouverait ainsi son origine du fait d’un arrêt, pour le moins inhabituel mais tout à fait naturel, de l’empereur Charles Quint à cet endroit.
Ce récit folklorique est démenti par la datation d’actes officiels qui mentionnent le nom de «Karreveld» bien avant la naissance de Charles Quint. Plus vraisemblablement, le nom Karreveld doit son origine à « Karreelvelt » ou champ de terre à briques. Plusieurs briqueteries étaient encore en activité aux environs du domaine au début du siècle. Les noms de rues du voisinage évoquent également la caractéristique du sol à cet endroit.
Le nom de Carnevelt apparaît dans un document, daté de 1253, ensuite à l’acte de donation fait par le Duc de Brabant, Jean 1er le Victorieux à son épouse Marguerite, fille de Saint-Louis, Roi de France. La veuve de Jérôme Van Ghindertaelen vend le bien à un seigneur espagnol Don Garcia Osario y Borgia, en 1656. La famille de Villegas acquiert le bien, en 1780, pour le vendre à la commune en 1930. La famille de Villegas avait encore une autre propriété, le Château de Rivieren à Ganshoren.
Une particularité du domaine est le fait que pendant un certain temps il était sous l’autorité de la commune d’Anderlecht, enclavé dans le territoire communal de Molenbeek.
C’est un domaine très apprécié. Les autorités communales y célèbrent les mariages, au grand plaisir des jeunes mariés qui peuvent s’y faire photographier dans un cadre idyllique. Les salons sont décorés de magnifiques peintures des plus grands artistes flamands. La grande salle est le lieu privilégié de manifestations de prestiges ainsi que de cérémonies familiales.
Le domaine est depuis 2004 reconnu comme monument et site par le Gouvernement de Bruxelles-Capitale.
http://www.recherche.fr/encyclopedie/Ch%C3%A2teau_du_Karreveld
Charles-Quint et les étudiants de Louvain
Charles-Quint aimait à se déguiser pour parcourir à cheval son incommensurable empire afin de mieux connaître les activités de ses concitoyens.
En visite à Louvain, où des étudiants festoyaient joyeusement, il vit que l’heure tardive n’empêchait personne de faire la fête et de boire généreusement.
Charles-Quint n’étant jamais effrayé à l’idée de boire une bonne bière, il se rendit dans une auberge du Oude Markt.
Au moment où il ouvrit la porte, un homme vola dehors. Charles-Quint vit tout de suite qu’il était saoul et l’aida à se relever sur ses deux jambes chancelantes.
« Sept hommes m’ont battu » hurla l’infortuné. Charles-Quint hurla à son tour : « Justice sera faite, je vais les éjecter tous les sept ». « Compte-les », dit-il au saoulard avant de se ruer à l’intérieur.
Après un vacarme inouï, un homme vola par la fenêtre.
« Un ! » cria le poivrot.
« Arrête de compter » dit l’empereur, en comptant ses bleus, ses bosses et ecchymoses. Et il ajouta : « Je pense que les six autres ne viendront plus ».
©http://www.charlesquint.be/#initialize
Le pot de Charles-Quint à Walcourt
Le grand empereur Charles-Quint, en visite dans ses Provinces du Nord, s’arrêta dans une auberge à Walcourt (Province de Namur – Belgique), pour se désaltérer.
Grand amateur de bière, (ne lui attribue-t-on pas cette phrase célèbre : « le sang de la vigne me convient bien moins que la fille de l’orge ! » ?) il demanda de pouvoir goûter la bière du pays. La patronne s’empressa d’apporter le divin breuvage, mais sans doute très intimidée par le prestigieux personnage, elle lui tendit le pot en le tenant par la anse.
Charles-Quint ne put donc s’en saisir. Il ordonna à son serviteur de faire livrer à l’aubergiste un pot à deux anses pour que, lors d’une prochaine visite, il puisse prendre le pot de bière d’une seule main. A quelques temps de là, de nouveau de passage à Walcourt, il fit halte dans l’auberge.
Mais la tenancière encore toute émue lui tendit son pot à bière, tenant fermement les deux anses. Charles-Quint s’en saisit difficilement à deux mains, et loin de se décourager ordonna à son serviteur de faire livrer un pot à trois anses. L’année suivante, plus par curiosité que par la soif, il fit une nouvelle halte dans l’auberge, pour vérifier que ses ordres avaient été suivis, et réclama son pot de bière.
La serveuse intimidée et sans doute un peu sotte, lui tendit le pot fermement maintenu par les deux anses, mais avec la troisième dirigée vers elle ! Charles-Quint, autant amusé qu’agacé dut donc passer sa main entre la chope et la poitrine de l’aubergiste pour se saisir du pot (ce qui était moins pratique qu’agréable), il garda toutefois son calme et ordonna à son fidèle serviteur de faire livrer un pot à quatre anses. Lorsqu’il revint à l’auberge, le pot avait quatre anses opposées. L’empereur pouvait enfin prendre correctement sa bière et la déguster tranquillement. Une autre légende fait état d’un pot de bière et de Charles-Quint : la légende du pot de Olen.
Charles-Quint et le Savetier
Quand Charles-Quint se sentait libre de se soustraire aux charges de sa situation, il aimait à parcourir incognito la bonne ville de Bruxelles et ses environs. En se mêlant au peuple, le monarque apprenait les sentiments intimes de ses sujets les plus humbles à propos de sa personne et de son gouvernement. Une belle soirée de la fin d’octobre, Charles-Quint se promenait dans un quartier populeux de Bruxelles. Il remarqua que l’une de ses bottes méritait un raccommodage et il se fit donner l’adresse d’un savetier du voisinage. La mauvaise chance permit que ce jour-là, fût la fête de Saint-Crépin, et le brave homme, nullement disposé à travailler, festoyait avec ses amis. L’Empereur, qui l’avait fait mander à son magasin, lui exposa ce qu’il réclamait et offrit de le payer largement.
– Quoi ! l’ami, s’écria d’un ton indigné le savetier, êtes-vous ainsi ignorant de nos usages ! Aucun de nous ne consentirait jamais à tirer l’aiguille en pareil anniversaire. Même pour l’Empereur Charles-Quint en personne nous ne ferions pas un point ! Mais, veuillez entrer dans ma demeure, boire en l’honneur de Saint-Crépin et croyez que vous serez le bienvenu.
Ce soir nous sommes aussi heureux que l’Empereur !
Le souverain accepta l’invitation. Il jeta un regard sur une table entourée de joyeux convives, se livrant à leurs grossiers plaisirs, et ne se mêla point à eux. Son hôte l’aborda :
– Votre physionomie me fait croire, dit le brave homme, d’un ton plein d’aisance et de gaîté, que vous devez être quelque courtisan ou quelque diplomate. Enfin qui que vous soyez, vous êtes le bienvenu sous mon toit. Et buvez à la santé du brave Charles-Quint.
– Vous l’aimez Charles-Quint ?
– Eh oui ! J’aime assez ce seigneur au long nez, mais, je vous avoue que je l’aimerais bien davantage s’il nous taxait moins… Diable ! À présent, ne songeons pas à la politique. Que la coupe circule et que nos coeurs soient contents !
Au bout de quelques moments l’Empereur se leva et remercia courtoisement le savetier de son aimable accueil.
– Oh ! je vous ai invité très volontiers, seulement, jamais de ma vie je n’aurais déshonoré Saint-Crépin en raccommodant aujourd’hui. Non, même pour l’Empereur, je n’aurais point travaillé !
Charles-Quint eut de la peine à réprimer un sourire.
Cependant la bonhomie du brave savetier l’amusait et lui plaisait. Dès le lendemain il envoya chercher maître Van den Bosch. Ce denier fut stupéfait d’apprendre que son hôte de la veille n’était autre que l’Empereur. Il redoutait fort que sa plaisanterie à propos du long nez eût été prise en mauvaise part. Il tremblait de crainte quand il parut devant le Souverain. Charles-Quint sourit et se mit aussitôt en devoir de le rassurer.
– J’ai à vous remercier, maître Van den Bosch pour votre hospitalité d’hier au soir. Pour vous prouver ma reconnaissance, je veux vous accorder une faveur.
Réfléchissez pendant vingt-quatre heures, puis venez m’exposer l’objet de vos désirs. Le lendemain matin le savetier fut fidèle à l’heure du rendez-vous.
– Sire, dit-il, d’un ton humble mais ferme, je remercie Sa Majesté de Sa bonne grâce envers moi, et, puisqu’Elle daigne exaucer toute demande que je lui ferai, je La prie qu’à l’avenir les savetiers portent comme armoiries une botte de l’Empereur avec la couronne impériale au-dessus.
– Très volontiers j’accède à ta requête, seulement, je la trouve si modeste, qu’il me plaît de t’accorder une seconde faveur.
– Ainsi mon voeu le plus cher doit être exaucé ! Eh bien ! Sire, commandez qu’à partir de ce moment la corporation des savetiers occupe le même rang que celle des cordonniers.
– Je le veux ! Sois satisfait !
L’âme heureuse et triomphante, maître Van den Bosch s’éloigna du palais impérial.
Dans une chapelle du pays, on peut voir, racontait mon grand-père, à une place d’honneur, une botte surmontée de la couronne impériale, et, depuis dans toutes les processions, la corporation des Savetiers marche de pair avec la corporation des cordonniers.
http://www.cyberbruxelles.be/cyberbruxelles/charlesQ.htm
Le « Trek van Keizer Karel »
« Le paiement de Charles Quint ».
Cette authentique histoire ressemble, à part quelques détails, à notre légende beaumontoise des « Bourgeois stoquarts de Solre-St-Géry ».
Le trek van de Keizer Karel remonte à l’an 1531. Charles Quint, de retour d’une partie de chasse dans les forêts du Brabant flamand, s’embourbe avec son carrosse dans un gué de la rivière La Lane à hauteur du village de Tombeek, à proximité de Bruxelles.
Les habitants, reconnaissant leur empereur, l’aident à se dégager.
Charles-Quint n’est pas ingrat et en remerciement il leur remet quelques 70 hectares de terrain (Tombeek-Heyde) sur lesquels les habitants peuvent chasser, pêcher, cultiver la terre, laisser paître leurs animaux, ramasser du bois, sans payer de dîme à un quelconque seigneur. Ces terrains ont permis, durant des siècles, de nourrir les habitants et même lors d’années de disette, de les sauver de la famine !
Les siècles passent et au 19ème siècle les terrains sont vendus pour y installer un sanatorium
pour les patients tuberculeux. L’argent est alors placé dans une banque communale et depuis lors, chaque année, à la fête des rois, le receveur communal vient payer à chaque chef de famille du village les intérêts du placement, lors d’une cérémonie folklorique en hommage au grand empereur !
Joli non ?
De là vient que la fanfare de Tombeek participe, en tant que fanfare d’escorte à Charles Quint, chaque année, à l’Ommegang de Bruxelles.
https://www.facebook.com/DeDorpsraadTombeek/